Echouage de mésoplodon en baie du Mont Saint Michel!

Publié le par Al lark

Crédit photo © Julien Avril

Crédit photo © Julien Avril

 * English version *

Ce mardi 18 octobre, nous sommes intervenus en baie du Mont Saint Michel, du côté de la Manche (Dragey et Gênets), avec d'autres correspondants locaux du Réseau National Echouage pour un échouage vraiment peu commun.

En effet il s’agissait d’un animal de la famille des ziphiidés, également appelée baleines à bec.  Groupe de cétacés pourvus de dents (contrairement aux baleines vraies qui ont des fanons) qui sont ce que l’on appelle des grands plongeurs.

Il s’agissait là plus précisément d’un mésoplodon de Sowerby (Mesoplodon bidens). Cette espèce est normalement absente de la Manche puisque présente dans les zones profondes où elle se nourrit de calmars et autres céphalopodes, ainsi que de petits poissons. Les ziphiidés sont parmi les cétacés qui peuvent plonger le plus profond et le plus longtemps avec environ 30 minutes d'apnée entre 200 et 1500 mètres pour le mésoplodon de Sowerby, mais plus de 2 heures et près de 3000 mètres pour le ziphius (Ziphius cavirostris) !!!

La Manche avec 53 mètres de profondeur moyenne et son maximum à 172 mètres n’est donc pas du tout un habitat habituel et adapté pour cette espèce. Depuis 1969, seulement 13 échouages de mésoplodon de Sowerby ont été enregistrés en France, aucun en Manche Occidentale. Le dernier échouage de cette espèce en Manche date du 7 août 2013 à Saint Marie du Mont (50), côté baie de Seine.

Carte des échouages de mésoplodon de Sowerby en France métropolitaine depuis 1969.

Carte des échouages de mésoplodon de Sowerby en France métropolitaine depuis 1969.

Dans le cas de cet échouage, il s’agissait d’une femelle adulte de 5 mètres qui s’est échouée vivante le dimanche 16 octobre et qui est morte au bout d’une heure. L’animal ayant été repris par la marée, il se trouvait dans les herbus quand nous sommes intervenus le mardi suivant. La nécropsie n’a pas permis de déterminer les causes de la mort de cet animal qui, de par sa présence en Baie du Mont Saint Michel (zone avec une très faible profondeur, en cul de sac), était, de toute manière, totalement désorienté.

Du fait de son aire de vie loin des côtes et de son comportement élusif vis-à-vis des bateaux, cette espèce relativement rare est difficile à approcher et donc à étudier. Cet échouage est un opportunité pour nous permettre d’en apprendre un peu plus.

Crédit photo © Audrey Hemon et les membres du RNE.
Crédit photo © Audrey Hemon et les membres du RNE.
Crédit photo © Audrey Hemon et les membres du RNE.
Crédit photo © Audrey Hemon et les membres du RNE.

Crédit photo © Audrey Hemon et les membres du RNE.

Un grand merci à l'ensemble des participants: les correspondants du réseau national échouage (merci de nous avoir associés à cette nécropsie, nous les Bretons!), les intervenants locaux, les particuliers qui ont repéré l'animal et qui ont prévenu les autorités compétentes ainsi qu'à toute l'équipe de Pelagis pour leurs conseils avisés.

Et remerciements particuliers à la DREAL Normandie qui nous a récemment équipés de tenues et matériels parfaitement adaptés que nous avons pu mettre à profit lors de cette intervention.

Texte: Morgane Perri.

Rappel des bonnes pratiques en cas d'échouage:

 

Contactez AL LARK au 06.78.71.41.09 ou le Réseau National Echouage (réponse 7j/7) au 05.46.44.99.10

Échouages d'animaux morts

  • Ne pas manipuler l'animal afin d'éviter tout risque de transmission de maladie.
  • Quelque soit son état de putréfaction, l'animal sera examiné dans les plus brefs délais.
  • Il sera enlevé par les services de nettoyage des plages (commune ou département) afin d'être incinéré en centre d'équarrissage.

Échouages d'animaux vivants

  • Ne pas manipuler l'animal pour éviter de le blesser.
  • Ne pas grimper sur l'animal.
  • Ne pas oublier qu'un animal sauvage en détresse va chercher à se défendre (morsures, coups, etc.).
  • Éviter les attroupements, l'agitation et le bruit qui stresseraient l'animal.
  • Ne pas tenter une remise à l'eau sans l'aide de correspondants du réseau ou d’un représentant des services de l’État.
  • Protéger l'animal des rayons du soleil grâce à un parasol.
  • Protéger l'animal de la dessiccation (dessèchement) en le couvrant d'un linge mouillé en veillant à ne pas obstruer son évent qui lui permet de respirer.
  • Creuser le sable sous l'animal pour faciliter sa respiration et éviter qu'il meure étouffé sous son propre poids.

 

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