Route du Rhum 2022 : des enjeux environnementaux trop peu pris en considération

Publié le par Al lark

Déclaration des associations : France Nature Environnement Bretagne, AL LARK, Bretagne Vivante, Eau et Rivières de Bretagne, GEOCA, Viv'Armor Nature, le 29/09/2022

À quelques semaines du lancement de la course « Route du rhum – destination Guadeloupe », plusieurs associations de protection de la nature sont sollicitées par l'organisateur OC Sport pour expliquer les enjeux environnementaux et effectuer des surveillances autour des sites protégés Natura 2000 le jour du départ.

Les associations ne joueront pas le rôle de surveillant.
Bretagne Vivante, Viv’armor Nature, Al Lark, Eau et Rivières de Bretagne, Groupe d’Etudes Ornithologiques des Côtes-d’Armor refusent de participer à cette opération car elles n’ont pas à jouer un rôle de police alors que, lors du départ, va s’agglutiner une foule peu encline à parler ce jour-là respect de la biodiversité.

Les associations signataires, engagées de longue date pour la protection de l'environnement, rappellent que leur mission première est d’oeuvrer à la reconquête de la biodiversité, au travers de la connaissance et de la sensibilisation à une meilleure gestion du patrimoine naturel. La fédération France Nature Environnement Bretagne a proposé à l'organisateur que ses associations puissent tenir un stand de sensibilisation du public ; l'objectif étant de présenter les actions menées par les militants associatifs et d'alerter sur l'état du milieu marin, fort dégradé. La demande de stand formulée par FNE Bretagne a été rejetée par l'organisateur OC Sport.

La pointe du Grouin au départ de la course - Photo Archives Ouest France

La pointe du Grouin au départ de la course - Photo Archives Ouest France

Elles dénoncent une destruction programmée de sites protégés
L’événement tel qu’il est programmé détruira ou impactera des espèces et des habitats protégés. La pointe de la Varde, la pointe du Grouin, le Cap Fréhel sont des sites labellisés où se reproduisent des oiseaux remarquables, où des plantes fragiles et des habitats endogènes s’épanouissent. Le piétinement va les endommager. Le milieu marin sera également affecté : dérangement des oiseaux marins et de certains cétacés. Il restera, lorsque la fête sera finie, des constats écologiques désastreux, malgré les quelques mesures de mise en défense très insuffisantes au regard des enjeux.

Le Cap Fréhel au départ 2018 - Photo Philippe Chérel - Ouest France

Le Cap Fréhel au départ 2018 - Photo Philippe Chérel - Ouest France

La sobriété ignorée
Nos associations dénoncent la médiatisation excessive qui vise à attirer un maximum de spectateurs : on parle de deux millions, occasionnant des dépenses énergétiques immodérées de gasoil, d’essence, d’électricité, entraînant une surfréquentation de la mer et de sites terrestres protégés, renforçant les risques de pénurie d’eau dans une agglomération qui annonce des coupures en fin d’année.
Le monde de la voile très engagé sur les questions climatiques et sensibles à l'avenir des océans ne peut, ne doit pas faire l'économie de réels engagements concernant les impacts de ses événements sur la biodiversité des espaces littoraux parmi les plus fragiles.

Au moment où la modération et la sobriété deviennent des sujets importants pour les citoyens et pour de nombreux élus, ce sont les conditions mêmes de cet événement sportif qu’il aurait fallu repenser. Les records de fréquentations sont aussi des records de pollution, de surconsommation et de destruction de la biodiversité. Tristes records !

Nos associations de protection de la Nature ne peuvent cautionner une telle organisation qui, en l'état, s’avère trop dispendieuse en ressources et générant trop de dégradations.

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