Mammifère marin échoué : que faire ?

L'association AL LARK est membre du Réseau National Échouage (RNE) depuis 2009.
Lors d'un échouage de mammifère marin, vivant ou mort, sur le littoral de l'Ille-et-Vilaine, nous sommes régulièrement appelés pour procéder à un renflouement ou à une nécropsie. Une précieuse équipe de bénévoles épaule nos trois salariés habilités à intervenir auprès de ces espèces strictement protégées.

VRAI/FAUX. Phoques, dauphins, baleines… Que faire
en cas d’échouage sur la plage ?
23/07/2023 – Interview par Émilie Chassevant © Ouest-France

Un phoque qui se repose sur le sable, un dauphin qui s’est fait surprendre par la marée… Les échouages de mammifères marins ne sont pas rares. Rien que dans la journée du 11 juillet 2023, par exemple, trois bébés phoques ont été signalés en baie du Mont Saint-Michel. « Rien d’étonnant puisqu’une colonie y est établie et nous sommes au début de la période des naissances », explique Morgane Perri, biologiste marine de l’association Al Lark, basée à Cancale et membre du Réseau National Échouages. Sauf que les centres de soins sont pleins et qu’ils auront du mal à accueillir d’autres petits en cas d’intervention humaine.

Que faire dans ce cas ? La seule et unique règle à retenir est de ne pas intervenir sans l’avis d’un spécialiste. Voici pourquoi.

"Il faut remettre un phoque à l’eau sinon il va mourir"

FAUX. Un phoque sur le sable est un phoque qui se repose. Il n’est pas rare d’en voir, surtout à proximité de l’eau. « Un phoque à terre est comme une grosse saucisse. Un peu balourd, il va se déplacer lourdement pour filer dans l’eau en cas de danger », compare Morgane Perri. La règle à observer en toutes circonstances est donc de ne jamais s’approcher à moins de 400 mètres. De la même façon, il ne faut pas remettre à l’eau un animal qui se repose : « C’est comme remettre un marathonien sur la ligne de départ. » D’autant que le phoque veau marin a « une puissance de la mâchoire plus importante que celle d’un rottweiler » et peut transmettre des maladies.

Le bon geste est donc de rester à distance, de prendre l’animal en photo pour la transmettre aux spécialistes qui jugeront s’il faut intervenir ou non. « Très souvent, ils repartent avec la marée. »

"Si un bébé phoque est échoué, c’est qu’il a été abandonné"

FAUX. « Si un bébé phoque est sur le sable, c’est que sa mère est partie chercher de la nourriture. Elle va revenir le chercher. Si un humain remettait le petit à l’eau, sa mère ne le retrouverait pas car elle ne dispose pas de moyen sonore pour le localiser », poursuit la biologiste. Un bon moyen de savoir si le bébé est abandonné est d’attendre une marée. S’il est encore présent, c’est qu’il est en difficulté et les associations peuvent être prévenues. Elles interviendront pour le récupérer et le transporter dans un centre de soins où il sera sevré avant de retrouver son environnement.

« N’oubliez pas que si vous approchez d’un bébé phoque sur la plage et que sa mère est dans l’eau, elle va partir », alerte Morgane Perri.

"Si je trouve un dauphin échoué, il faut intervenir très vite"

VRAI. Autant les phoques se reposent, autant les dauphins sont en difficulté s’ils s’échouent. « Cela arrive particulièrement aux dauphins communs, qui sont hauturiers et qui peuvent se laisser surprendre par la marée. » Le mot d’ordre est d’intervenir rapidement, mais encore une fois, pas de sa propre initiative. « Il ne faut surtout pas tracter un dauphin par la queue pour le remettre à l’eau car cela peut lui causer de graves lésions. Et il ne faut pas trop s’approcher, car respirer son souffle peut être dangereux. »

Le bon réflexe est de contacter les associations compétentes et de ne pas céder à la panique. « Un dauphin peut rester plusieurs heures hors de l’eau. Ces animaux sont soumis au stress et risquent une crise cardiaque. » Pour son bien-être, il vaut mieux laisser les professionnels agir.

"On ne trouve pas de baleine échouée sur nos côtes"

FAUX. Si aucun cas n’a encore été recensé sur le littoral malouin, les échouages de très gros cétacés comme les bélugas, les orques, les rorquals ou les baleines se multiplient en Bretagne, dans le Finistère par exemple. « Cela reste rare mais risque de se produire de plus en plus souvent. Depuis l’arrêt de la chasse, ces espèces sont de plus en plus nombreuses, notamment dans la Manche, ce qui multiplie également le risque d’échouages », explique Morgane Perri. Dans ce cas, pas grand-chose à faire car les échouages sont quasiment fatals pour l’animal. Son propre poids est trop lourd à supporter hors de l'eau.

"Si je croise des dauphins en mer, je peux m’approcher pour les observer"

FAUX. Depuis 2021, la législation interdit l’approche active à moins de 100 mètres des animaux. « Ce qui vaut pour les bateaux à moteur, à voile, les kayaks, les paddles et même à la nage ! » Les conseils de la spécialiste pour observer des dauphins en mer sont de se placer au loin, sur leur côté, de garder le même cap et la même vitesse. « Jamais devant ou derrière eux car cela les stresserait. Plus on sera respectueux à leur égard, plus on augmentera les chances qu’ils aient envie de venir jouer près du bateau. En tout cas, ce sera leur décision. »