Acrobaties et sexage des dauphins
Fin juillet, nous avons eu la chance d’assister à des sauts grandioses de grands dauphins ! Chose rare, le sexe d'un individu est identifiable sur ces photos – une information précieuse pour l’étude et le suivi d’une population animale.
Chez le Grand Dauphin (Tursiops truncatus), il est en effet très difficile de différencier à l'œil nu une femelle d’un mâle, surtout en pleine mer...
Le dimorphisme sexuel (les différences morphologiques entre les deux sexes) de l’espèce est peu marqué. De plus, les organes génitaux sont complètement cachés dans une fente de leur abdomen, pour que leur corps soit le plus hydrodynamique possible.
Seules différences "visibles" : chez la femelle, cette fente génitale est plus proche de la fente anale, et elle est encadrée de très discrètes fentes mammaires.
Pour les repérer, encore faut-il pouvoir photographier le "bas-ventre" d'un individu – qui n'est pas une partie de leur anatomie que nous observons fréquemment – et que l'image soit de qualité suffisante pour déterminer leur sexe !
Prendre une photo nette, de suffisamment près, bien cadrée et sans éclaboussure n'est pas aisé depuis un semi-rigide, surtout si la houle s'en mêle. Or les sauts des dauphins ne durent qu’une fraction de seconde, même s’ils semblent ici suspendus dans les airs...
Une femelle est reconnaissable avec certitude (photos 1, 2, 4 - individu de droite). Photos prises au cours de l’une des sorties dédiées à notre programme scientifique EMM’Raude, le 29 juillet. Toutes les données sont collectées à l’aide de la minutie, la patience et la bonne humeur sans faille de nos bénévoles. © Estelle Neau - Association AL LARK
Nous pourrions sexer les dauphins via l'analyse de leur ADN. Très précise (et coûteuse), cette méthode exige toutefois de prélever une biopsie à l'aide d'une arbalète. Un geste très intrusif, voire douloureux, chez le dauphin, dont la peau est particulièrement sensible. Les tirs effrayent aussi les animaux, ce qui cause un dérangement chez la population et des biais dans les analyses (les dauphins se mettent à éviter les bateaux).
Nous avons donc recours à une autre méthode, mais qui ne nous a jamais permis de repérer de mâle. Étrange ? Elle consiste à identifier les adultes accompagnés de nouveaux-nés ou de juvéniles. Une méthode simple et efficace, mais limitée aux femelles adultes. Car, chez le Grand Dauphin, seules la mère et une "marraine" se chargent de l’éducation des plus jeunes...