Paprika, RNE, kesako?
En octobre dernier, comme tous les ans à la même période, les correspondants locaux du RNE (réseau national des échouages) dont Al lark fait partie, retrouvent les responsables du CHENE (un centre de soins pour faune sauvage situé en Seine-Maritime) pour un heureux moment : un relâcher de phoques.
De nombreux phoques vivent en baie du Mont-Saint-Michel. Deux espèces se côtoient: les phoques gris (les plus gros) et les phoques veaux-marins (les plus nombreux). Deux fois par mois, Audrey Hemon, chargée de mission environnement, assure le recensement et le suivi de cette colonie qui fluctue aux alentours des 70 individus.
N'imaginez pas les observer de votre voiture en flânant sur la route de la côte, ces animaux ont élu domicile loin du tumulte humain, à plusieurs kilomètres du rivage, en plein coeur de la baie. Même si ils peuvent se montrer très curieux dans l'eau, ces animaux deviennent très farouches une fois sur terre. Il est donc important de ne pas tenter de les approcher pour respecter leur quiétude.
Ils sont tellement sensibles au dérangement que malheureusement, la femelle qui vient de donner naissance à son petit l'abandonne quand un randonneur vient troubler ce binôme. Cette raison bien que principale n'est pas la seule, le passage d'un avion ou d'un ULM volant trop bas ou bien encore un violent orage avec un tonnerre assourdissant peuvent aussi mettre un terme à cette alliance.
Si ce bébé phoque n'est pas récupéré dans les plus brefs délais, il est condamné à une mort certaine. Bien heureusement pour Safran et Paprika, ce ne fut pas le cas. Ces deux orphelins furent récupérés par des membres du RNE et passèrent 3 mois au centre de soins du CHENE à se refaire une santé et devenir ainsi autonomes.
Voici le début de leur histoire en vidéo (tirée du reportage "Des côtes et des hommes" de la chaîne ARTE):
Grâce à leur plaque que les animaux vont garder jusqu'à leur première mue, nous allons donc pouvoir suivre l'évolution de ces jeunes phoques et peut-être les voir regagner la colonie.
Un coup de téléphone à l'association dimanche dernier nous signalait un phoque blessé à la tête, aperçu le long du littoral d'Ille et Vilaine (endroit que nous garderons secret, quiétude de l'animal et des riverains oblige).
Après prise d'informations avec notre indicateur, nous avons fait route pour évaluer l'état de santé de l'animal. Il aura fallu beaucoup de patience (près de 3 heures d'affût dans le fond d'un kayak) pour se faire invisible et obtenir sans dérangement les clichés tant espérés.
Les nouvelles sont bonnes. L'animal se porte bien et la supposée blessure à la tête n'est en fait que la plaque de reconnaissance posée dans un centre de soin. Celle-ci ayant perdu sa couleur vive pouvait effectivement se confondre avec des poils arrachés. Avec l'aide de l'oeil expert d'Audrey, nous apprenons qu'il s'agit tout bonnement de Paprika. Un phoque en parfaite santé qui pour le moment a décidé de vivre seul. Fort à parier qu'il rejoindra la colonie ou qu'il en fondera une autre ailleurs.
L'occasion est trop belle pour nous, pour ne pas vous donner de ses nouvelles.
Voici ses dernières photos de voyage: