Une nouvelle préoccupante...
Dernières informations:
Samedi 10 mai 13h00:
3 jours après la triste fin de ce dauphin piégé dans la Rance, de nouvelles informations permettent d'en savoir un peu plus sur cet animal:
1- La mort par asphyxie est confirmée par l'équipe des spécialistes de l'observatoire Pélagis de La Rochelle avec qui nous travaillons. L'animal n'est donc pas mort de faim ou de stress (comme on peut le lire sur certains commentaires des réseaux sociaux). Il aurait donc pu mourir de la même façon en pleine mer et sa présence dans la Rance n'est donc en rien la cause de sa mort.
Les marques nombreuses sur le cuir de l'animal sont en cours d'analyse et nous permettront peut être d'en apprendre un peu plus sur l'origine de cette asphyxie. Si il s'agit bien de marques de filets, plusieurs hypothéses s'offrent à nous: la plus improbable est que l'animal aurait été victime d'une capture intentionnelle menée par des personnes voulant agir pour sa remise en liberté. Une action que nous n'avons pas menée car trop invasive, trop risquée pour l'animal et très compliquée à mettre en place dans de bonnes conditions dans un lieu comme le barrage de La Rance. Plus vraisemblablement, sa prise dans un filet illégalement posé (car interdit dans le fleuve) par des braconniers reste privilégiée.
2- L'observatoire Pélagis a également identifié l'origine des nombreuses crevasses présentes sur son rostre: une pathologie appelée la lobomycose. Cette maladie d'origine tropicale est contagieuse et également transmissible à l'homme.
Malgré sa localisation dermique, la lobomycose peut à plus ou moins long terme entraîner une perte de mobilité, voire la mort de l'animal. Dans certaines populations de grands dauphins, les individus atteints de la lobomycose sont exclus du groupe pour éviter une épidémie et sont donc condamnés à une vie solitaire souvent courte. Cette maladie peut donc expliquer l'isolement initial de ce jeune dauphin.
La présence d'une telle maladie sous nos latitudes reste encore inconnue (déplacement sur une longue distance d'un individu malade?, réchauffement climatique? ...). Nous allons lors de nos prochaines sorties en mer, accorder une attention toute particulière à l'observation des autres dauphins sauvages de nos côtes. Il s'agit peut être d'un cas isolé mais cela demande à être vérifié.
La lobomycose est l'une des nombreuses pathologies transmissibles entre l'homme et le dauphin. Nager et caresser un dauphin, rêve de nombreuses personnes (merci à la série Flipper et aux delphinariums...) est donc fortement déconseillé. Il s'agit d'animaux sauvages qui n'aspirent qu'à une seule chose, le rester.
3- L'énorme amas cellulaire anormal obstruant en grande partie le duodénum n'a pas encore été identifié. Signe possible d'une autre pathologie, son analyse prendra du temps mais nous vous tiendrons au courant dès que nous en saurons un peu plus.
Les actions de sauvetages d'animaux marins sont parfois couronnées de succès (comme la tortue Luth que nous avions sauvée en août 2011) mais sont la plupart du temps vouées à l'échec.
Un animal ne se retrouve pas en détresse sans raison. Dans la plus grande majorité des cas, les maladies, les blessures importantes, la mise à l'écart du groupe, ou encore la fin de vie, sont à l'origine d'un échouement, d'une capture accidentelle.
Les actions menées même si elles ne sont pas celles que le grand public imagine ou souhaite, sont réfléchies, effectuées par des spécialistes et pratiquées au moment opportun (en fonction de l'état de santé de l'animal, de l'état d'urgence, des conditions géographiques, courantologiques, météorologiques, tidales, matérielles et humaines, ...).
Rien n'est fait au hasard, rien n'est laissé de côté et tout est décidé en concertation avec des organismes de références et d'expériences. Pour faire le point sur ce dauphin de la Rance, nous n'avions pas affirmé que nous allions le sauver mais simplement tenter tout notre possible pour. Nous accusons comme vous tous le coup et sommes déçus de ce dénouement. Comme nous l'expliquons dans le reste de l'article hélitreuiller, endormir ou encore capturer le dauphin étaient des actions impossibles, très compliquées ou simplement injustifiées en raison de la situation et de l'état de l'animal.
Avant de critiquer et d'envoyer des messages de mécontentement, de colère ou encore d'injures (si si, on en a reçu), certaines personnes devraient prendre le temps de se renseigner sur la biologie, l'éthologie, les pathologies ou encore la conduite à tenir en cas de cétacé en détresse.
Nous lisons avec d'autant plus de tristesse certains des messages laissés par des lecteurs sur les réseaux sociaux de la presse écrite qui nous qualifient de tueurs de dauphin, de spectateurs inactifs, de brasseurs de vent... Nous n'avons pas été sans agir, bien au contraire (Cf. le reste de l'article), malheureusement les actions entreprises sont restées vaines et de nouveaux protocoles étaient prêts à être conduits.
Ceux-ci seraient très probablement restés sans succès car avec les premières réponses apportées par l'autopsie, nous avons l'intime conviction qu'aucune action entreprise n'aurait abouti favorablement. Nous n'aurions simplement pas pu sauver cet animal malade que la vie avait déjà fort probablement condamné. En réussissant sa libération, il serait peut-être mort rapidement en mer ou aurait profité d'un sursis plus ou moins long qui aurait pu permettre à la lobomycose de se propager et de contaminer les autres dauphins.
La mort d'un animal n'est jamais souhaitable mais peut-être que dans ce cas, elle était préférable pour le reste de la colonie.
Un énorme merci à la grande majorité des gens qui nous ont envoyé leur message de soutien. Messages ô combien importants dans ces moments de tristesse et d'impuissance.
Nous avons mis un point d'honneur à être transparents sur notre méthodologie et nos actions car nous savions qu'en cas d'échec (qui était fort probable), les incompréhensions des personnes (ne cherchant pas à en apprendre plus que les quelques lignes parues dans les journaux) seraient nombreuses. En espérant que l'intégralité de cet article les dissipera en grande partie...
7 mai 22h30:
Nous n'avons pas alimenté ce fil d'actualité depuis 5 jours car il y avait peu de nouveautés à signaler. Rien de très neuf du coté du grand dauphin qui depuis le 2 mai enchainait de nombreux aller-retours entre la Passagère et Saint-Suliac, des phases de calme avec des apnées courtes et des phases de déplacements importants avec des apnées proches des 5 minutes. Toujours aucune interaction avec les différentes embarcations qui ont croisé sa route.
De notre coté, nous avions préparé de nouveaux protocoles basés sur de l'acoustique (émissions subaquatiques de différentes sonorités) afin d’inciter le dauphin à nous suivre et rejoindre ainsi le sas de l'écluse. Afin d'intervenir, nous attendions la bonne fenêtre d'action: turbines du barrage inactives pour diminuer la pollution sonore et surtout un animal localisé et suffisamment proche du barrage pour maximiser nos chances. Afin d'augmenter notre pouvoir attractif, des subwings pouvaient également être utilisées par des plongeurs portant le dispositif d'émission sonore. La possibilité d'une capture de l'animal au filet restant également dans nos actions éventuelles en cas de nécessité.
Cela faisait 48 heures que nous étions sans nouvelle du dauphin et attendions de pouvoir lancer cette nouvelle tentative de libération. Malheureusement nous n'aurons jamais la chance de mettre ces actions à profit et de revoir ce jeune grand dauphin nager au milieu des siens au large de Saint-Malo.
Ce mercredi matin à 10h00, nous avons été informés par un habitant des rives de La Rance qu'un dauphin gisait sur la vase en bas de sa propriété.
Nous nous sommes rendus sur-le-champ sur les lieux de l'échouement. Nous avons ramené l'animal sur le bord du fleuve et après une première inspection du cadavre, nous avons constaté qu'il s'agissait bien du grand dauphin captif dans la Rance depuis 18 jours. L'entaille sur son aileron étant un signe distinctif, il n'y a pas de confusion possible.
En accord avec la ville de Saint-Malo, l'animal a été ensuite transféré vers la fourrière animale malouine, où nous avons pu effectué son autopsie afin de connaitre les raisons de sa mort.
Sans développer cette intervention qui a duré presque 4 heures, nous avons constaté plusieurs anormalités: 1- de nombreuses marques régulières, profondes et superficielles sur le flanc droit de l'animal. 2- de nombreuses, courtes et profondes crevasses sur l'ensemble du rostre de l'animal. 3- une présence de spume agonique blanchâtre dans les bronches et les poumons. 4- une masse imposante et sombre intégrée aux tissus du duodénum et obstruant de manière importante celui ci. L'état nutritionnel de l'animal était bon (couche de lard épaisse sur l'ensemble du corps, estomac renfermant encore des proies sous forme de bouillie).
Dans la nécropsie de cet animal de 220 cm pour 150 kilogrammes, de nombreux éléments nous poussent à croire à une capture accidentelle. Les traces retrouvées sur les flancs de l'animal sont régulières et ressemblent étrangement au maillage d'un filet. La mousse blanche retrouvée dans les bronches et les poumons est une réaction rencontrée chez les cétacés morts victimes d'asphyxie.
L'animal avait déjà été observé par les éclusiers plusieurs jours durant longeant le barrage coté mer avant de le traverser. Il semblait déjà adopter un comportement erratique. Chose aussi étrange, la capture accidentelle est courante chez les marsouins mais quasi inexistante chez les grands dauphins de notre région. Peut être étaient-ce les signes exterieurs d'une pathologie que l'autopsie ne nous a pas permis de découvrir.
Des échantillons de nombreux organes ainsi que la masse découverte dans le duodénum ont été prélevés à des fins d'analyses et l'ensemble de nos informations va être étudié par des spécialistes en autopsies de cétacés. Si de nouvelles conclusions en découlent, nous vous les publierons également sur cette page.
Nous avons fait tout ce qui était en notre possible pour rendre à cet animal sa liberté mais c'est sur une triste fin que se termine cet événement. Nous avons repoussé au maximum la capture au filet, celle-ci était très lourde et très dérangeante pour l'animal et c'est de cette façon qu'il a trouvé la mort. Le destin est parfois cruel...
Magré toute la déception que cette nouvelle incombe, nous tenons vivement à remercier le nombre incalculable de personnes, professionnelles ou non, qui se sont investies dans cette vaine quête de liberté animale: les sentinelles, les personnes actives sur les protocoles, les spécialistes en cétologie qui nous ont chapeautés, les services du barrage qui ont réellement su être réactifs et ouvrir les vannes (quand l'animal s'y présentait pour ensuite repartir en sens inverse), les associations locales,...
Pour se consoler, nous tournerons à nouveau notre regard vers le large de Saint-Malo où évolue la plus grande population française de grands dauphins. Dauphins libres et en bonne santé...
2 mai 10h20:
Voici après 8 heures de monitoring effectués mercredi et jeudi ce que nous pouvons constater: l’animal remonte souvent la Rance et se situe régulièrement à environ 3 km du barrage, ce qui nous complique la tâche de suivi. Le dauphin étant plus mobile, il est donc plus difficile à localiser. Ce monitoring nous a permis de voir comment il se comportait après près de 48h sans avoir pu le voir. L’animal continue à avoir des comportements stéréotypés en réalisant des allers-retours sur les mêmes courts trajets pendant de longues minutes consécutives. Il a également effectué une série de frappes de caudale (il tapait la surface de l’eau avec sa queue) sans raison apparente. Ce comportement est souvent signe d’énervement chez les grands dauphins. L'animal semble correctement se nourrir et ne présente pas de physique émacié, ce qui est une bonne nouvelle. Il ne présente malheureusement toujours aucune réaction liée au passage de bateaux en navigation à sa proximité.
Nous essayons de vous tenir informés quotidiennement via cet article que nous mettons à jour dès que de nouvelles informations sont relevées. Certaines de vos questions revenant régulièrement, il est temps de faire le point sur quelques points qui suscitent interrogations.
Al lark: qui et quoi?:
Sans vouloir légitimer notre présence, juste quelques explications concernant la présence active de l'association Al lark sur cette démarche. Dans l'association, nous sommes 2 spécialistes des mammifères marins (aidés de nombreux bénévoles) à intervenir quotidiennement sur le terrain. Nous ne sommes pas vétérinaires et ne prétendons pas à agir comme tel. Nous travaillons cependant sur l'étude des populations locales de grands dauphins depuis plus de 10 ans et ceci quotidiennement. Nous avons donc l'habitude de reconnaitre et d'analyser les différents comportements de ceux ci. Même si nous sommes seuls sur le terrain, nous sommes en contact régulièrement avec de nombreuses autres structures professionnelles et associatives qui nous aident et nous conseillent sur les actions à mener. Nous sommes tous les 2 titulaires de la carte verte, habilitation (délivrée par le ministère de l'environnement après formation) à intervenir sur les échouements de mammifères marins (vivants ou morts) ainsi que certains cas très particuliers comme la détention d'un grand dauphin dans un fleuve à cause d'un barrage. Nous faisons partie du RNE (réseau national des échouages) et sommes chapeautés par l'observatoire Pélagis (ex CRMM) qui est l'organisme référent en France sur les conduites à tenir en cas de problèmes avec les mammifères marins. Notre action, même si il s'agit de notre domaine d'activité professionnelle, est totalement bénévole sur cette action. Nous faisons cela en plus de notre temps de travail quotidien ce qui est vous l'imaginer parfois compliqué.
Il n'y a que votre équipe là-bas?:
L'association AL lark est actuellement la seule équipe présente sur le terrain (et nous ne sommes pas contre la venue d'autres intervenants) à veiller le grand dauphin, à agir (quand elle le peut et le doit) et à informer les riverains et badauds afin de limiter le dérangement et le stress de l'animal. Seule sur le terrain mais pas seule à réfléchir au dénouement heureux de cette histoire. De nombreuses autres associations locales et nationales nous transmettent leurs expériences et leur savoir-faire sur ce genre d’événement. Nous analysons tous ensemble les différentes actions possibles en privilégiant les méthodes douces sans que ce soit au détriment de l'état de santé de l'animal.
Pourquoi il n'y a pas plus de moyens mis en œuvre pour le sauver?:
Les moyens réquisitionnés sont pourtant nombreux et peuvent être mis en action de manière assez rapide. Nous avons déjà inventorié entre autres, 4 bateaux disponibles, 400 mètres de filet si besoin, des appareils d'émission sonore subaquatiques, de nombreuses personnes prêtes à intervenir, des actions coordonnées des services d'exploitation du barrage, ...
Vous allez donc nous demander pourquoi n'agissez donc vous pas? Il est vrai que vu de votre coté, vous avez certainement l'impression que plus rien ne bouge pour ce dauphin. Cela peut paraitre surprenant de ne pas voir de réelle action de libération entreprise.
Nous essayons de vous tenir informés quotidiennement via cet article que nous mettons à jour dès que de nouvelles informations sont relevées. Certaines de vos questions revenant régulièrement, il est temps de faire le point sur quelques points qui suscitent interrogations.
Al lark: qui et quoi?:
Sans vouloir légitimer notre présence, juste quelques explications concernant la présence active de l'association Al lark sur cette démarche. Dans l'association, nous sommes 2 spécialistes des mammifères marins (aidés de nombreux bénévoles) à intervenir quotidiennement sur le terrain. Nous ne sommes pas vétérinaires et ne prétendons pas à agir comme tel. Nous travaillons cependant sur l'étude des populations locales de grands dauphins depuis plus de 10 ans et ceci quotidiennement. Nous avons donc l'habitude de reconnaitre et d'analyser les différents comportements de ceux ci. Même si nous sommes seuls sur le terrain, nous sommes en contact régulièrement avec de nombreuses autres structures professionnelles et associatives qui nous aident et nous conseillent sur les actions à mener. Nous sommes tous les 2 titulaires de la carte verte, habilitation (délivrée par le ministère de l'environnement après formation) à intervenir sur les échouements de mammifères marins (vivants ou morts) ainsi que certains cas très particuliers comme la détention d'un grand dauphin dans un fleuve à cause d'un barrage. Nous faisons partie du RNE (réseau national des échouages) et sommes chapeautés par l'observatoire Pélagis (ex CRMM) qui est l'organisme référent en France sur les conduites à tenir en cas de problèmes avec les mammifères marins. Notre action, même si il s'agit de notre domaine d'activité professionnelle, est totalement bénévole sur cette action. Nous faisons cela en plus de notre temps de travail quotidien ce qui est vous l'imaginer parfois compliqué.
Il n'y a que votre équipe là-bas?:
L'association AL lark est actuellement la seule équipe présente sur le terrain (et nous ne sommes pas contre la venue d'autres intervenants) à veiller le grand dauphin, à agir (quand elle le peut et le doit) et à informer les riverains et badauds afin de limiter le dérangement et le stress de l'animal. Seule sur le terrain mais pas seule à réfléchir au dénouement heureux de cette histoire. De nombreuses autres associations locales et nationales nous transmettent leurs expériences et leur savoir-faire sur ce genre d’événement. Nous analysons tous ensemble les différentes actions possibles en privilégiant les méthodes douces sans que ce soit au détriment de l'état de santé de l'animal.
Pourquoi il n'y a pas plus de moyens mis en œuvre pour le sauver?:
Les moyens réquisitionnés sont pourtant nombreux et peuvent être mis en action de manière assez rapide. Nous avons déjà inventorié entre autres, 4 bateaux disponibles, 400 mètres de filet si besoin, des appareils d'émission sonore subaquatiques, de nombreuses personnes prêtes à intervenir, des actions coordonnées des services d'exploitation du barrage, ...
Vous allez donc nous demander pourquoi n'agissez donc vous pas? Il est vrai que vu de votre coté, vous avez certainement l'impression que plus rien ne bouge pour ce dauphin. Cela peut paraitre surprenant de ne pas voir de réelle action de libération entreprise.
Les raisons sont nombreuses. On ne peut tout simplement pas tout tenter et agir comme bon nous semble, il y a de nombreux facteurs à prendre en compte:
- L'état de santé de l'animal:
Très préoccupant au début, son état de santé s'est stabilisé puis amélioré ces derniers jours. En dix jours passés derrière le barrage, l'animal ne montre aucun signe de dénutrition, il n'est pas émacié et tout porte donc à croire qu'il s'alimente (la Rance est un fleuve poissonneux). Cela n'est évidemment pas une solution à son problème de captivité mais cela ne nécessite plus une capture de l'animal. Cette méthode lourde à mettre en place et très dangereuse pour l'animal peut entrainer de nombreuses blessures voire la mort du dauphin en raison du stress généré. Est il judicieux de tenter cette manœuvre si l'animal peut en mourir alors que ce n'est plus le cas dans l'environnement dans lequel il évolue aujourd'hui? La réponse est bien évidemment non. L'animal va mieux mais il ne va pas bien pour autant, il continue régulièrement à adopter des comportements stéréotypés et son "enfermement sur lui même" ne nous permet pas de créer une interaction quelconque l'incitant à nous suivre pour le faire repasser par les écluses comme cela fut le cas pour le dauphin commun en 2012 dans le port de pêche de Saint Malo ou encore pour un grand dauphin piégé dans les canaux en Hollande.
- la géographie des lieux et les contraintes du barrage:
18 km de cours d'eau sont accessibles au grand dauphin, c'est donc très difficile d'avoir un visuel et donc un suivi régulier de l'animal car il est maintenant très mobile.
De plus, toute la partie proche du barrage (moins de 400 mètres) est totalement interdite à la navigation pour des raisons de risques importants. Lorsque l'animal est dans cette zone nous ne pouvons que l'observer de loin, lui ouvrir les vannes et espérer qu'il sorte enfin. Cette méthode a déjà échoué par deux fois.
Très préoccupant au début, son état de santé s'est stabilisé puis amélioré ces derniers jours. En dix jours passés derrière le barrage, l'animal ne montre aucun signe de dénutrition, il n'est pas émacié et tout porte donc à croire qu'il s'alimente (la Rance est un fleuve poissonneux). Cela n'est évidemment pas une solution à son problème de captivité mais cela ne nécessite plus une capture de l'animal. Cette méthode lourde à mettre en place et très dangereuse pour l'animal peut entrainer de nombreuses blessures voire la mort du dauphin en raison du stress généré. Est il judicieux de tenter cette manœuvre si l'animal peut en mourir alors que ce n'est plus le cas dans l'environnement dans lequel il évolue aujourd'hui? La réponse est bien évidemment non. L'animal va mieux mais il ne va pas bien pour autant, il continue régulièrement à adopter des comportements stéréotypés et son "enfermement sur lui même" ne nous permet pas de créer une interaction quelconque l'incitant à nous suivre pour le faire repasser par les écluses comme cela fut le cas pour le dauphin commun en 2012 dans le port de pêche de Saint Malo ou encore pour un grand dauphin piégé dans les canaux en Hollande.
- la géographie des lieux et les contraintes du barrage:
18 km de cours d'eau sont accessibles au grand dauphin, c'est donc très difficile d'avoir un visuel et donc un suivi régulier de l'animal car il est maintenant très mobile.
De plus, toute la partie proche du barrage (moins de 400 mètres) est totalement interdite à la navigation pour des raisons de risques importants. Lorsque l'animal est dans cette zone nous ne pouvons que l'observer de loin, lui ouvrir les vannes et espérer qu'il sorte enfin. Cette méthode a déjà échoué par deux fois.
Les bruits générés par le barrage lorsque celui-ci est en activité sont extrêmement puissants et dérangeants pour l'animal. Nous n'avons pour le moment pas encore pu mettre en action un protocole de stimuli acoustique (via l'émission de phrasés d'autres tursiops) pour l'attirer vers le sas car il faut que l'animal soit proche du barrage et que celui-ci ne soit pas en activité sous peine de couvrir toutes nos émissions.
La météo souvent médiocre et les forts courants générés par le barrage et les marées très importantes sont aussi des freins au bon déroulement de cette libération.
Voilà où nous en sommes à ce jour.
Même si vous avez l'impression d'un manque d'engagements ou d'actions, nous pouvons vous assurer que tout est fait pour mener à bon terme cette histoire. Nous passons plus de 4 heures (en plus de notre travail) sur les bords de Rance à monitorer l'animal chaque jour..
C'est déjà frustrant de rentrer le soir chez soi et se dire qu'une journée de détention en plus s'est écoulée mais essuyer les critiques et les remarques négatives de personnes qui ne connaissent pas le dixième des éléments est encore plus décourageant... Heureusement, il ne s'agit que d'un petit pourcentage des messages que nous recevons.
Nous faisons réellement de notre mieux.
Dès qu'un acte réellement productif sera possible et qu'une fenêtre d'action concrète s'ouvrira vous pouvez être sûr que seule ou aidée par d'autres organismes, l'association veillera à ce que l'animal retrouve le large. Il n'y a pas de mode d'emploi avec LA conduite à tenir en cas de mammifères marins captifs dans un fleuve fermé par une usine marémotrice. Nous étudions donc toutes les propositions et nous faisons au mieux pour que le bien être de l'animal soit retrouvé.
En espérant que cela réponde à vos questions. L'équipe Al lark.
30 avril 13h00:
De nombreuses sentinelles nous ont transmis leurs différentes observations du grand dauphin toujours coincé dans la Rance. Du barrage jusqu'à Saint Suliac, l'animal se déplace sur des distances maintenant plus grandes et présente un comportement plus calme et moins stéréotypé que les jours passés. L'animal semble donc s'habituer à ses nouvelles conditions de vie. Signe d'un stress décroissant, c'est donc une bonne nouvelle, même si cela n'est pas la solution du problème. Morgane Perri, la biologiste de l'équipe Al lark passe actuellement la journée à suivre l'animal de la côte pour noter son comportement de l'animal et ainsi observer ou non s'il se nourrit.
Nous vous rappellons que cet animal est vulnérable, il est donc demandé à tous d'éviter les dérangements causés par une mise à l'eau ou une approche de surface. Merci de votre compréhension.
28 avril 14h30:
Plus aucune nouvelle de l'animal depuis hier matin 11 heures... N'hésitez pas à nous prévenir si vous apercevez l'animal: 06.78.71.41.0906.78.71.41.09 Merci d'avance.
27 avril 14h30:
Depuis hier soir 19h, le jeune grand dauphin a déserté la zone du barrage et l'on espérait qu'il se soit enfin décidé cette nuit à passer les vannes pour rejoindre le large. Il semblerait malheureusement qu'une fin heureuse ne soit pas encore pour ce midi. L'animal aurait été observé ce matin par l'équipage d'un bateau. Il prenait le sud comme direction et remontait ainsi le fleuve de la Rance. Nous tentons actuellement de joindre le capitaine du bateau pour obtenir plus de renseignements et valider cette observation.
Les vannes sont ouvertes depuis 14 heures mais le dauphin ne pourra donc pas en profiter si il continue sa remontée. De nombreuses sentinelles à terre sont actuellement en train de le rechercher.
Nous recevons de nombreux messages de soutien, d'encouragements (nous vous en remercions vivement) mais également des propositions et des conseils d'action à mener pour permettre à cet animal de repartir. Sachez que tout ce qui est possible pour libérer ce dauphin est mis en oeuvre et coordonné par plusieurs équipes de professionnels spécialistes des mammifères marins. Certaines opérations (qui reviennent souvent dans vos messages) sont impossibles ou dangereuses à mettre en oeuvre.
En espérant que cela vous aide à y voir plus clair, voici quelques explications pour répondre aux nombreuses questions que vous vous posez concernant l'utilisation de flèches hypodermiques pour endormir l'animal ou encore d'un capture avec un filet: les cétacés sont des animaux dont la respiration est un acte volontaire et non réflexe comme les humains. Il est donc impossible d'endormir cet animal car cette action le tuerait. Injecter une dose anesthésiante (encore faut-il connaitre son poids) pour juste le rendre "somnolent" est également une action à risques car le temps que le produit fasse effet, l'animal peut sonder, nous le perdrons de vue et risquerons ainsi de le retrouver mort asphyxié. Cette action est donc à proscrire.
Pour ce qui est d'une capture au filet: cette action est la plus invasive pour l'animal et génératrice d'un énorme stress. Des manœuvres de ce type ont déjà été couronnées de succès mais d'autres malgré un déroulement sans faille, ont causé la mort des animaux secourus. Les dauphins étant des animaux très sensibles au stress (de surcroit quand il s'agit d'un individu juvénile), cette action ne sera entreprise que lorsque tout aura été tenté et que la santé de l'animal sera jugée trop préoccupante pour intervenir de façon douce. Vous comprenez maintenant pourquoi cette action n'a pas encore été menée.
Voila, nous espérons que cela vous éclaire un peu. Vous imaginez bien que toutes les possibilités d'actions sont étudiées finement et mises en œuvre si les conditions le permettent. Merci de nous tenir au courant si vous apercevez l'animal. Merci de vous tenir également à distance si vous êtes sur l'eau afin de ne pas augmenter son stress. La suite dans les prochaines heures...
26 avril 19h45:
Un grand merci aux sentinelles qui se relaient toute la journée pour nous tenir informés de l'évolution de la situation. Le dauphin n'a toujours pas repris la route le menant vers la mer.
Il a passé sa journée à longer les 6 vannes (qui mesurent 10x15 mètres) mais lorsque celles-ci s'ouvrent, il s'éloigne de cette ouverture vers la liberté. C'est certainement le mouvement et le bruit d'ouverture de ces grosses vannes qui apeurent le dauphin et le conduisent à s'éloigner de la sortie. Lorsque le niveau de l'eau est bas des 2 cotés du barrage, l'animal peut pourtant y voir le coté mer sans aucune entrave ce qui devrait l'inciter encore plus à s'y engouffrer. Malheureusement l'animal ne sort que rarement la tête hors de l'eau et malgré son système d'écholocation performant, il peine à trouver la sortie et surtout à s'y engager.
L'association Al lark est passée cet après-midi faire le point au barrage. De nombreux badauds étaient présents, bravant les grains et le vent pour tenter d'apercevoir l'animal. Les kayakistes, paddles et autres embarcations sont restées aujourd'hui loin de la zone interdite à la navigation et nous les remercions de ne pas prendre de risque pour une simple observation. Demain la configuration sera la même, courants forts et météo mauvaise permettront pour le bien être de tous (le dauphin et la sécurité des humains) d'avoir un plan d'eau à nouveau vide de tout mouvement.
Nous avons fait le point avec le directeur d'exploitation du barrage ainsi qu'avec les éclusiers. De nouvelles tentatives seront effectuées cette nuit aux alentours de 2 heures ainsi que demain à 14h. Merci de nous tenir au courant si vous apercevez l'animal. La suite demain, peut être enfin pour de bonnes nouvelles...
25 avril à 19h00:
Le dauphin est toujours présent coté Rance. Le dauphin a passé une bonne partie de la journée le long du barrage et nous n'avons donc rien tenter car la zone, pour des raisons évidentes de sécurité ne permet aucune navigation.
Une premiere tentative d'ouverture manuelle des vannes du barrage a été tentée ce soir mais malheureusement le dauphin est parti dans le sens opposé.
La journée de demain samedi est propice au déplacement naturel du dauphin vers l'autre coté du barrage. Les courants importants en direction du large devraient permettre à l'animal de repartir tout seul et aucune action humaine ne sera tentée.
En lien avec l'unité de production et d'éclusage du barrage, nous vous tiendrons informés des résultats obtenus.
Il est rappelé aux personnes que la zone du barrage et ses alentours n'est pas une zone de loisirs où l'on peut flaner tranquillement en kayak dans l'espoir d'apercevoir un aileron. Les abords du barrage soumis aux forts courants engendrés par l'activité marémotrice ne seront pas compatibles avec la présence d'embarcations quelles qu'elles soient. Il est donc demander aux personnes de ne pas se mettre à l'eau toute la journée de demain. Risquer potentiellement un accident pour observer un dauphin de loin n'en vaut vraiment pas la peine.
24 avril à 22h00:
Aujourd'hui nous avons tenté pour la première fois d'évacuer le grand dauphin coincé dans la Rance par le barrage. Pour ce premier contact avec cet animal en détresse, nous avons opté pour une approche douce. Toute la matinée nous nous sommes relayer pour tenter de susciter sa curiosité et son intéret à notre égard. 2 protocoles étaient envisagés suivant le comportement de l'animal: soit il décidait de nous escorter jusqu'au sas (le plus simple et le plus facile pour nous), soit il nous permettait de l'approcher suffisament pour que grâce à un brancard spécial nous le déplacions vers le large. Nous n'avons délibérément pas utilisé de filets de capture car ceux-ci en plus de blesser l'animal, engendreraient un stress trop important pouvant provoquer le pire. Nous savions donc dès le départ que la tâche serait difficile.
En bateau à moteur, en kayak ou même en apnée, rien n'a fonctionné. Quelques rapprochements nous ont permis de vérifier l'état de santé de l'animal. Il n'est pas blessé et son aspect physique laisse à penser qu'il va bien (pour le moment). Précisions: son corps va bien mais pas son "mental": Le dauphin est "prostré" comme coupé du monde extérieur.
Semblable à de l'autisme, son comportement stéréotypé l'a conduit à répéter inlassablement la même action: faire des "va et vient" juste sous la surface de l'eau, sur une seule ligne longue de 150 mètres. Nous avons essayé de le stimuler mais rien n'a troublé sa triste façon de s'occuper. Le bruit sourd du barrage s'arrête rarement et est un facteur important de stress chez ces animaux à l'ouie extrement fine.
Nous avons donc échoué lors de cette première tentative mais nous restons optimiste quant à une fin heureuse de sauvetage. Après débriefing avec l'observatoire Pelagis (organisme de référence sur les mammifères marins en France), nous organiserons une seconde tentative avec la même équipe mais avec de nouveaux protocoles.
D'ici là il sera peut etre sorti de lui même par les vannes du barrage. En effet à partir de demain et tout le début de la semaine prochaine le courant dominant sera de la terre vers la mer favorisant ainsi son retour vers le large. La suite dans les prochains jours.
La première tentative filmée par nos soins:
La première tentative en vidéo par France 3:
23 avril à 17h40:
Pour rassurer tout le monde: le protocole de secours de mammifères marins est déjà en place dans les différents services du barrage en collaboration avec l'association AL LARK.
Pour résumer, les services de vannage du barrage ont à la demande de leur direction l'ordre d'ouvrir spécialement les vannes lorsque le dauphin sera suffisamment proche pour lui permettre de regagner le large. Si cela ne suffit pas, nous tenterons dès cet après-midi [23 avril] (si les conditions le permettent) de conduire via une embarcation le dauphin vers le sas et de le ramener ainsi coté mer.
Le dauphin n'a pas été aperçu depuis 15h et nous ne pouvons donc pas agir pour le moment. Peut être est il ressorti de lui même ou peut être a-t'il choisi de remonter la Rance. N'hésitez pas à exercer une veille tout au tour du barrage et à nous tenir informer de vos observations.
La semaine prochaine et à partir de ce week-end, le changement important de sens de courant (de la terre vers la mer) permettra d'optimiser nos chances de le libérer si nous ne réussissons pas d'ici là.
Toutes les opérations sont donc déjà mises en place pour permettre l'évacuation rapide de ce dauphin.